UN AUTRE REGARD SUR GANVIE, LA VENISE DE L'AFRIQUE, GRACE A ANGELE ETOUNDI ESSAMBA


exposition Femmes au Fil de l'Eau de la photographe Angèle Etoundi Essomba. Pavillon d'Eau .Paris

    Il y a 7 mois, soit au tout début de l'aventure du blog,  je vous faisais découvrir l'une des deux cités lacustres d'Afrique de l'Ouest.

J'avais alors choisi de vous surprendre en vous parlant, en premier lieu, du village ghanéen sur pilotis de Nzulezo dont beaucoup ignorent l'existence.

Et pour cause !

    Ce dernier est en effet éclipsé par celui, désormais mondialement connu, de Ganvié.

 L'un (car le Bénin  compte d'autres villages lacustres) de ses pendants béninois qui fut fondé au 18 ème siècle.

    Au même titre que le village de Ouidah, les Palais Royaux d'Abomey, d'ailleurs classés au patrimoine de l'Unesco, ou les superbes musées de Porto Novo, (sites qui m'ont tous définitivement marquée et sur lesquels je reviendrai prochainement) la Venise de l'Afrique, (l'autre surnom de Ganvié) où vivent près de 30000 personnes, fait partie des incontournables touristiques pour quiconque se rend au Bénin.

      Pour découvrir ce monde des toffinous, hommes sur l'eau,  rien de plus simple !

Il suffit de se rendre à l'embarcadère d'Abomey Calavi puis de prendre place à bord d'une barque, motorisée ou non, qui vous permettra d'atteindre, après une traversée de 20 minutes sur le lac Nokoué, le plus grand du pays, le village sur pilotis de Ganvié.

     Un voyage que je vous recommande de mettre à profit pour tomber en pâmoison devant la beauté des paysages et des couchers de soleil, si d'aventure vous vous y rendez en fin d'après-midi.

Mais aussi pour admirer les pêcheurs au travail, les femmes, confortablement installées dans leurs pirogues, achetant et vendant des marchandises au marché flottant diurne ou les enfants plongeant, avec fracas, dans le lac.

    J'ai pour ma part pu faire cette magique échappée à deux reprises : à noël 2008 puis durant les vacances de fin d'année suivantes.

   Voici donc le condensé visuel que j'en ai ramené :)

embarcadère de Calavi



















       Ganvié un village d'une beauté incontestable !

Certes.

Mais cela ne m'a pas empêchée de m'interroger sur, l'envers du décor, la vie quotidienne des habitants de cette cité lacustre.

        Quel impact a le tourisme grandissant, représentant près de 10000 visiteurs par an, sur eux, sur leur environnement ?

A première vue, que du positif.

Car conscient de l'apport économique considérable en résultant pour le village, tous les moyens ont été progressivement mis en œuvre pour permettre au touriste de s'y rendre, d'y effectuer des achats et, s'il le désire, d'y séjourner plus longtemps qu'une après-midi.

Quelques restaurants et auberges ont donc vu le jour et les professions de guide, piroguier ou conducteur de barques sont devenues celles à embrasser en priorité.

Nombreuses sont donc les familles de Ganvié qui vivent de son tourisme !

    Pourtant en y regardant de plus près, j'ai réalisé que ce développement, à priori idyllique, cache, en réalité, des aspects beaucoup moins reluisants.

Notamment l'accroissement de la mendicité des enfants ainsi que la pollution grandissante due à l'augmentation des déchets résultant de la forte pression touristique.

Mais à vrai dire, un défi encore plus important existe, un problème qui doit, de toute urgence, être pris à bras-le-corps et résolu: celui de l'eau :
l'accès à l'eau et tout ce qui en découle !

 Problématique plutôt paradoxale me direz vous pour une île entourée par définition..... d'eau !

Mais justement non !

    Car l'eau du lac est, à l'heure actuelle, source de multiples difficultés pour ses populations qui doivent, au quotidien, composer avec elle .

  Car comment, notamment, survivre dans un environnement où l'eau qui vous entoure peut, à terme, causer votre perte ?

  Comment vous nourrir lorsque les poissons que vous pêchez se sont nourris de tous les déchets qui polluent le lac ?

Est il possible d'envisager d'autres activités, pour les hommes, hormis la pêche ?

Quelles sources de revenus le lac peut il apporter aux femmes, lesquelles ne peuvent quant à elles pas pêcher, afin de leur donner une autonomie financière ?

Comment se protéger des maladies tropicales, notamment du paludisme, qui peuvent entraîner la mort, surtout chez les personnes fragiles, quand, faute d'assainissement adéquat ou d’assainissement tout court les moustiques prolifèrent gaiement dans ce même lac ?


Comment rendre réellement effectif le droit d'accès à l'eau potable, un droit pourtant élémentaire, pour les villageois ? Ceux ci étant contraints, au vu de la difficulté d'installation des tuyaux d'acheminement dans le lac, de s'approvisionner en eau sur les berges ou de patienter à l'unique pompe du village. 

 Comment vivre dignement sans avoir à lutter quotidiennement pour obtenir cette ressource,  source de vie, pour reprendre un symbole biblique ?

     Toutes ces questions que je m'étais à l'époque posée, sans jamais avoir pu trouver de réponses, ont ressurgi dans mon esprit lorsque j'ai su quel était le thème choisi cette année par les Nations Unies pour la journée mondiale de l'eau, célébrée le 22 mars dernier.

 Eau et développement durable.

   Une problématique qui m'a d'autant plus intéressée qu'elle touche le continent africain.

En effet et notamment, aux problèmes de sécheresse rencontrés dans de nombreuses zones et aux  pénuries régulières d'eau dans les grandes villes africaines, à l'instar d'Abidjan notamment, s'ajoutent aussi ceux liés à l'accessibilité à l'eau potable dans les zones rurales, isolées ou reculées.

Obligeant par voie de conséquence les femmes et filles, car il va s'en dire que seules celles ci sont préposées aux corvées d'eau, à consacrer plusieurs heures de leur temps quotidien à parcourir des kilomètres afin de trouver l'eau qui sera nécessaire aux diverses taches qui leur incombent.

Temps qu'elles pourraient consacrer à d'autres activités plus formatrices si ces difficultés ne se posaient pas  :)..

   Artiste engagée mettant à l'honneur les femmes africaines,  la photographe camerounaise Angèle Etoundi Essamba interpelle, avec brio et à ce titre, le public au travers d' une exposition photographique, actuellement en cours ( jusqu'au 23 mai 2015) au Pavillon de l'Eau parisien,  intitulée "Femmes de l'Eau".

A travers ces portraits, elle rend ainsi un vibrant hommage aux femmes de Ganvié, lesquelles relèvent quotidiennement  nombre de défis, au rang desquels figurent, entre autre, l' accès à une eau potable.

   En ce mois de la Femme qui tire bientôt à sa fin, cela ne pouvait pas mieux tomber car ces béninoises mettent véritablement tout en œuvre, avec les faibles moyens dont elles disposent, pour contribuer au développement de leur communauté et créer un monde sain où vivront leurs enfants !

Tel est à mon sens le visage de la femme africaine d'aujourd'hui !

Pour mémoire, dans l'interview que j'ai donnée il y a presque trois semaines au site Ayaa Opinion,  (publiée le 8 mars pour célébrer la journée de la Femme et que vous pouvez retrouver ici et ici), à la question d'Aya Opinion :"

"Comment décririez-vous la femme africaine d’aujourd’hui ?"


Ma réponse avait alors été la suivante : 

"Pour moi c’est une femme, qui tout en étant fière de ses origines et de sa culture qu’elle assume de plus en plus aux yeux du monde, se débarrasse progressivement de tous les carcans dans lesquels elle a été enfermée depuis trop longtemps.


Elle a pris conscience de sa valeur, a réalisé qu’elle avait,  elle aussi, un rôle a jouer dans l’amélioration et le développement de la société à laquelle elle appartient et ce à tous les niveaux, et elle est prête à prendre son indépendance et à assumer ses responsabilités.

Elle n’hésite donc plus à prendre sa destinée en main en faisant des choix qui lui correspondent dans tous les domaines de sa vie, choix pour lesquels elle se battra si on tente de lui en imposer d’autres.


Si on a coutume de dire que derrière un grand homme se cache une grande femme, je serai tentée d’affirmer que la femme africaine d’ aujourd’hui est une femme qui ne veut plus se contenter de cette place de l’ombre, bien souvent derrière une figure masculine. C’est simple, elle veut également exister par elle-même et le montrer."

        Ce midi, en profitant de la fin de ma pause déjeuner pour aller jeter un œil à cette exposition, j'ai réalisé à quel point le parti pris par Madame Essamba de montrer des femmes de Ganvié qui, en dépit des difficultés rencontrées dans leur environnement immédiat, restent battantes, s'adaptent, et deviennent , par les solutions qu'elles trouvent, actrices du développement durable de leur village, fait écho à la perception que j'ai de la Femme Africaine, en particulier, mais aussi des Femmes en général.

 Sans elles nul développement n'est possible :)

   Pas besoin d'en dire davantage, comme l'aurait dit Nicolas Boileau " ce qui se conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément" .

Vous l'aurez compris, cette exposition m'a totalement séduite car elle est :

D'abord pleine d'émotions :  avec ces regards vifs de femmes d'un pays, en partie le mien.

Ensuite éveilleuse de conscience : car elle nous permet  de réaliser, d'une part, à quel point nous sommes chanceux de ne pas avoir à nous préoccuper quotidiennement de cette question de l'eau et nous incite, d'autre part,  à réfléchir à notre tour à des solutions à apporter.

Enfin et surtout parce qu'elle met à l'honneur nos sœurs et nos mères !

Trêve de bavardages, découvrez à présent quelques uns de ses merveilleux clichés !






  











   
  
  
  
  
  





  















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