A LA DECOUVERTE DE L'AVANT GARDISTE VILLA BLANCHE DE POISSY


Villa Savoye

   C'est au cours de mon voyage à Tel Aviv, il y a un an et demi, que j'ai découvert les constructions, géométriques et toutes blanches, de style Bauhaus (une école architecturale qui vit le jour, au début des années 20, en Allemagne et fut fermée en 1933 après l'accession des Nazis au pouvoir) lesquelles ont valu à la capitale économique israélienne, outre son surnom de Ville Blanche, une inscription au patrimoine mondial de l'Unesco en 2003.

Rien que ça !

Mon coup de cœur pour ces édifices, troublants de modernité, fut tel que dès mon retour à Paris je me suis mise en quête d'autres lieux similaires à  visiter.

   C'est ainsi que, quelques mois plus tard,  mes recherches, notamment sur le site des monuments nationaux français, m'ont fait découvrir virtuellement la mondialement célèbre Villa Savoye de Poissy (dans le département des Yvelines) qui, par sa couleur et ses formes, m'a rappelée les édifices que j'avais tant aimés à Tel Aviv.

Une villa qui se singularise autant par son architecture moderne que par le destin étonnant qui a été le sien durant ces 80 dernières années.

   En effet, après avoir tour à tour été occupée, de 1931 jusqu'en 1940, par la famille Savoye pour qui elle avait été construite,  endommagée par les allemands et les alliés durant la seconde guerre mondiale, acquise en 1958 par la ville de Poissy qui souhaitait y construire un lycée (occupant une partie des lieux aujourd'hui), cédée finalement à l’Etat 4 ans plus tard, classée monument historique national en 1965, ce n'est qu'en 1997 que les portes de la Villa Savoye ont finalement été ouvertes au public après plusieurs décennies de restaurations entamées, dès 1963, sous l'impulsion d'André Malraux alors Ministre de la Culture.

     Charles Edouard Jeanneret dit Le Corbusier, l'architecte français d'origine suisse, considéré comme l'un des plus grands du 20 eme siecle, de cette villa de campagne, édifiée entre 1928 et 1931 pour la famille Savoye, dira de ce joyau architectural avant gardiste qu'elle "est à la fois une machine à habiter et une machine à émouvoir"

Une affirmation à laquelle je n'ai pas eu d'autre choix que de souscrire, lorsqu'il y a un mois, par un dimanche ensoleillé, je me suis enfin décidée à visiter ce lieu que j'avais inscrit à ma To Visit List parisienne depuis près d'un an !


Il était temps !


   J'ai tout d'abord été séduite par l'environnement de la Villa Savoye, également surnommée les Heures Claires, par ses heureux propriétaires.

Une immense pelouse dégagée, de plusieurs hectares à l'origine, offrant de superbes vues sur les alentours au milieu duquel elle trône, surélevée, en majesté, entourée d'arbres qui, en cette mi avril, étaient en pleine floraison: fleurs jaunes mais aussi blanches comme pour être en adéquation avec la couleur de l'édifice, objet de tous les regards.


   Impossible en effet de ne pas être subjuguée par ce parallélépipède blanc fait de béton armé et aux façades symétriques, illustration la plus aboutie de l'architecture nouvelle prônée par Le Corbusier dans son ouvrage "Les 5 points d'une architecture nouvelle"publié en 1927.

Si l'architecte avait déjà édifié plusieurs villas blanches, le caractère exceptionnel de celle de Poissy tient, à mon sens, en 2 points.


Tout d'abord au fait que, les époux Savoye (qui selon les termes même de Le Corbusier "n'avaient pas d'idées préconçues ni modernes ni anciennes") lui ont laissé carte blanche pour la construction de leur maison de campagne.


Le Corbusier a donc pensé une maison qui serait fonctionnelle tout en affichant une esthétique novatrice.

 Cette dernière a donc été bâtie conformément aux 5 points qui illustrent la modernité architecturale dont il se voulait l'apôtre : pilotis soutenant un bâtiment surélevé,  construction d'un toit terrasse-jardin offrant un magnifique panorama,  aménagement libre et sans contraintes des murs, façades ainsi que de l'intérieur de la maison et emploi de fenêtres bandeau, en longueur, permettant une meilleure pénétration de la lumière.

    J'ai pour ma part apprécié l'agencement de l'espace intérieur de la maison, et plus particulièrement le premier étage correspondant à l'espace de vie, avec un coup de cœur immédiat pour la magnifique salle de bain de la chambre parentale ouverte sur la pièce à coucher avec ses carreaux bleus et sa chaise longue imbriquée.

Mais j'ai également été séduite par la cuisine aux larges fenêtres, la présence de nombreux espaces de rangement, les rampes et escaliers en colimaçons permettant de relier les espaces entre eux, le solarium et le jardin terrasse sur le toit, ainsi que par la luminosité, servie par de larges baies vitrées faisant le tour de la façade, des pièces .

   En outre, célébration du 50 eme anniversaire de la disparition de Le Corbusier oblige, la Villa Savoye accueille plusieurs événements artistiques, notamment  expositions, colloques ainsi que festivals de musique.

Une autre raison pour vous y rendre au plus vite :)

Ainsi, j'ai pu voir l'exposition Couleurs inoxydables, des meubles, dont j'ai adoré les couleurs vives, conçus par le designer Frederic Gaunet et la marque de mobilier métallique Tolixqui ont été savamment disposés dans la Villa  puis assister à une surprenante mais agréable performance musicale, alliant chorégraphie et musique, itinérante dans la maison.

  Il va s'en dire que la Villa Savoye a donc été pour moi une très belle découverte.

A tel point qu'en la quittant,  j'ai décidé d'inscrire à mon programme culturel des prochaines semaines l'exposition, consacrée à Le Corbusier, qui allait ouvrir, à la fin du mois d'avril, au Centre Pompidou Parisien.

     Mais avant de vous en parler, un peu plus loin dans cet article, place aux quelques photos que j'ai pu prendre  lors de mon exploration de la Villa Savoye.

Le Corbusier
    MES CLICHES DE LA VILLA SAVOYE

                                  EXTÉRIEURS ET JARDINS





















inside the house

escalier en colimaçon reliant la cave au solarium (toit terrasse)









exposition Tolix dans la maison

















la chambre parentale et sa baignoire





       Comme je vous le disais au tout début de cet article, la découverte de la Villa Savoye, mi avril 2015, m'a incitée à me rendre, dès le 29 avril 2015, jour de son ouverture, à l'exposition, Le Corbusier Mesures de l'Homme, au Centre Pompidou parisien.

Grâce à cette rétrospective presque complète, je vous dirai plus loin pourquoi je la qualifie ainsi, s'attachant à démontrer que le corps de l'homme était au cœur de son travail,  j'ai pu en apprendre davantage sur cet homme polyvalent qu' était Le Corbusier.


Le Modulor

      Peintre, sculpteur, urbaniste mais bien évidemment architecte de talent dont une partie de l’œuvre, à ce titre, (soit 17 constructions)vient d'être présentée pour la 3 eme fois par la France au comité du Patrimoine Mondial de l'Unesco en vue d'une inscription, à l'instar de celle de l'architecte Vauban ( qui a été classée en 2008).

Réponse attendue courant 2016.

Alors qu' ai je retenu de cette exposition ?

Le Corbusier était, un touche à tout,  véritable avant gardiste.

Ses peintures m'ont, pour certaines, rappelée celles de Picasso .

J'ai aussi été épatée par les pièces de mobilier qu'il a pu produire, me faisant penser par moment à quelques unes de la marque Steiner.

 Le Modulor, un nouveau système de proportion qu'il a inventé, au milieu des années 40,  prenant pour mesure un homme d'1,83 m et 2,26 m les bras levés m'a également ébahie.

De même, j'ai été  étonnée par l'usage qu'il a pu faire du béton pour créer des habitats et surprise d'apprendre que son œuvre architecturale ne se résumait pas qu'aux différentes villas (Scwobb, La Roche) qu'il a pu ériger.
   En effet, elle englobe également et notamment des unités d'habitations (Cité Radieuse à Marseille aujourd'hui transformée en hôtel), une chapelle (Notre Dame du Haut à Ronchamp), le plan d'urbanisme de la ville indienne de Chandigarh dans le Punjab ainsi que le Cabanon, sa dernière réalisation architecturale (datant de 1952) : une minuscule habitation construite sur un rocher à Roquebrune Cap Martin où il passera ses étés et près de laquelle il mourra, en 1965, au cours d'une baignade.

   Pourtant et nonobstant la beauté des 300 œuvres exposées dans le cadre de cette rétrospective j'ai trouvé cette exposition incomplète.

Pas incomplète par rapport au parcours artistique de Le Corbusier mais plutôt parce que j'aurais souhaité qu'y soit évoquée la part d'ombre de l'architecte, laquelle suscite, depuis quelques années déjà, des polémiques.

 Notamment son passé vichyste, ses correspondances avec sa mère où se lit un certain antisémitisme ainsi que sa fascination pour les dictatures fascistes et leurs édifices colossaux.

   Rêvait t'il, durant l'Etat Français (1940-44) de devenir le Speer (architecte allemand qu'Hitler avait chargé de bâtir Germania la future capitale, en lieu et place de Berlin, du III ème Reich) français ?

Une parenthèse de sa vie sur laquelle le Centre Pompidou a choisi de faire l'impasse...





nature morte à la pile d'assiettes



Maison Ribot
la villa savoye

Femme


Le cirque, Femme, Cheval

peinture murale pour la maison de Jean Badovici. Vezelay

le Corbusier



Notre Dame du Haut













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